Marches dans l'enceinte d'une mine de cuivre à ciel ouvert.
Mount Isa, désert australien
Altervivance 3, Mount Isa, Songline des 17 marches
Songline des 17 marches (Utilisez un casque si possible)
Pour ceux qui ont grandi dans un monde
aux murs bien réels,
aux frontières virtuelles.
Ici, les seules limites sont l'endurance de tes jambes,
et la légèreté de tes pensées.
Ceci est notre expérience et vous l'enrichierez à votre tour.
Là où les routes ne vont plus, commence ton chemin.
Ton éphémère avec toi, tu deviens transparent,
tu laisses le rouge passer à travers toi,
laisse la ville derrière toi
et tu deviens la Terre.
Un devenir-Terre.
Avance en regardant le rouge.
Le bleu est trompeur, et t'attires sur le spinifex calciné.
Touffes hisurtes et blessantes.
Garde ton corps avec toi et laisse ton esprit juste en avant.
Les buttes dressées vers le ciel,
celles qui ressemblent à l'éternité.
Le Territoire qui est rouge,
qui te brûle les yeux et te coupe le visage,
celui qui te perd, où
l'avant et l'après se rassemblent
en un maintenant, un ici.
C'est celui des Kalkadoons.
Eux te diront que
les Kalkadoons lui appartiennent.
La voilà leur propriété privée:
l'Homme qui appartient à la terre.
Affronte la première bute,
puis laisse les toutes derrière toi.
Tu verras un chemin,
mauvais reflexe de le suivre.
Beaucoup l'empruntent.
t'amenera vers le construit, vers les fumées
et te fera repérer.
Préfère la douceur des collines avoisinantes
à la dureté du tracé droit au sol.
Pas le moindre recoin, pas de pli,
juste une ligne qui dicte à tes pas.
Préfère les collines et la Terre ouvrira ta voie.
Un jour, ces terres étaient vierges de constructions, de barrières,
les hommes n'y avaient pas creusé de galeries.
Et un jour, dans 50 ou 10000 ans,
quand tu marcheras ici, elles seront de nouveau ainsi.
Les Kalkadoons ont gagné finalement.
A l'aval des collines
t'attendent deux chiens.
Mâchoires brulantes et membres musculeux.
La peur te rongera les jambes et te fera reculer.
Vois-les comme tu te vois:
"seulement de passage".
Tends la main et donne de l'eau
pour qu'ils deviennent tes compagnons.
Dalle de latérite, affreusement plane.
Ici les machines ont lissé la géographie.
Le Kanyini, c'est la connectivness de toutes choses.
Tu es déjà ces terres.
Alors me plat répose tes jambes mais blesse ton coeur.
Le plat c'était le bleu.
Le rouge, lui aurait du rester accéré.
Passée la butte applanie par les machines,
tu verras un campement abandonné.
L'homme qui l'habitait se trouve un peu plus avant les mines.
Au bout du bout,
dans un moment de colère,
notre Terre assoiffée a compacté l'espace dans la matière,
ciselé l'horizon.
Tu n'y es pas encore, mais nous
nous y sommes déjà allé.
Des milliers avant moi,
et après toi.
Entre nous-deux, qui sait?
Face à la rivière sêche,
les rochers posés là, on arreté leur course.
Marche d'un pas constant,
si tu accélères, les distances se dilateront.
La source de la rivière sêche sera innateignable
et ton point de départ aura déjà disparu.
Le désert a le temps, lui.
A la fin, il te récupères, il te prête au mouvement
te laisse quitter l'immobile.
Tu n'es que le désert dans sa dimension mobile,
jusqu'à le rejoindre dans le statique.
Garde les jambes packées
N'attaque pas la butte de face,
Chaque pas gagné t'en fera perdre deux.
Alors qu'on a brûlé les cheveux que tu avais juste coupés,
pour qu'il ne reste aucune trace de toi,
chaque glissade marquera le sol.
Devisse à droite, à gauche
et encore à droite et atteint le sommet.
Avance en regardant le rouge.
Le bleu est trompeur, et t'attires sur le spinifex calciné
Touffes isurtes et blessantes.
Garde ton corps avec toi et laisse ton esprit juste en avant.
Tu vois le lac, penses à couvrir ton visage.
Ici souffle une poussière invisible,
dont les vents portent la brûlure toxique.
Ils t'embrouilleront l'esprit jusqu'à ce que tu ne discerne plus rien.
Le monde deviendra plat.
A l'entour de ce lac où l'eau est solide,
l'air te découpe les poumons, les vertiges t'envolent.
Tes pieds, plus tout à fait au sol, ne te portent plus bien.
Reviens sur tes pas – là tu as saisis que cette terre n'existe plus.
On y a rejeté tout ce qu'on a pris dans la Terre, et dont on ne voulait pas.
Ce qui devait rester profond,
s'est retrouvé à la surface.
Et cet endroit veut retourner au fond et t'emmener avec lui.
L'eau est blanche et solide - Alcaline,
elle n'avait pas lieu d'être,
l'eau n'avait pas sa place en ces lieux.
Le rouge en bas, et le bleu en haut:
en ammenant le bleu en bas, ils ont porté le feu rouge en haut.
Cette ligne au fond, entre le bleu et le rouge, oublie la!
Reviens sur tes pas – là tu saisis que cette terre n'existe plus encore.